Parfois, le travail sur les aspects biomécaniques du corps humain ne suffit pas. Il est nécessaire de tenter "aller plus loin" afin d'aider les patients à identifier certains facteurs de résistance plus ou moins conscients, toujours involontaires, qui participent à maintenir des douleurs ou gènes chroniques. La "voie finale commune" de ces résistances s'exprime, dans le corps, par des tensions musculaires difficiles à identifier et donc à relâcher. C'est souvent le cas au niveau des épaules, de la mâchoire, de l'abdomen et du diaphragme par exemple. L'expression de ces résistances peut aussi s'exprimer par des comportements ou attitudes qui ne sont plus en accord avec notre identité profonde mais qui ont toujours un sens au niveau émotionnel, relationnel ou tout simplement "neuro-végétatif".

Il est alors nécessaire d'aider à diminuer l'activité du mental, sans jamais le nier ou le dénigrer puisque c'est cette structure qui nous permet de vivre en société. Lorsque l'activité du mental prend le pas en permanence, il vient souvent juger, comparer, chercher à comprendre et à interpréter certaines sensations corporelles. Or c'est souvent dans l'autre sens qu'il est nécessaire d'aller : Apaiser l'hyperactivité mentale afin de laisser le corps s'exprimer et seulement ensuite, éventuellement, donner du sens à ces tensions. C'est le but de toutes les approches dites psycho-corporelles. 

De nombreux outils existent afin de favoriser cet abord sensoriel. Tous ont pour objectif d'aller vers un état de méditation plus ou moins profond en diminuant la "pensée"... et certaines peurs. Aussi puissants soient-ils, ces outils restent des outils et ne sont jamais une fin en soi.

J'utilise essentiellement le travail sur le souffle, qui se prête bien aux soins en cabinet. Je mets en avant une longue expérience dans ce domaine, lié à plus de vingt ans de pratique des arts martiaux chinois et taoïstes (Fung Fu Yi Quan auprès d'Ilias Calimintzos (http://www.yiquan.fr/), ainsi que mon expérience du Pranayama et de la respiration holotropique. Si cette approche technique sur la respiration donne de bons résultats auprès des patients, j'invite souvent les patients à aller plus loin auprès de formateurs spécialisés et agréés dans certaines approches spécifiques, en premier lieu vers la respiration holotropique qui permet de toucher en grande profondeur, ainsi que vers certaines formes de yoga qui utilisent le Pranayama (la discipline du souffle).

L'exposition à l'eau glaciale : Je la pratique à titre personnel afin de pousser mes capacités à la concentration et au calme en toutes circonstances. Mon deuxième objectif est de bénéficier des immenses bienfaits pour la santé de ces expositions régulières, assez longues (autour de 15 minutes dans des eaux proches de 0°) et du plaisir que cela procure grâce à l'expérience de la concentration obtenue, entre autre, par une respiration contrôlée. Le yoga tibétain Toumo (www.yogacenter.ch/fr/techniques/toumo/) vise précisément à la "maîtrise du feu intérieur" afin de développer les ressources de chacun par des exercices de souffle, de concentration et de méditation tout en profitant calmement des bénéfices pour la santé de l'exposition contrôlée au froid. Cette approche méditative et d'expansion de conscience a été rendue plus visible par des ouvrages de l'exploratrice Alexandra David-Néel dès les années Trente. Il s'agit bien sûr d'un patrimoine universel, pratiqué par tous les peuples vivants dans des climats froids.

La pratique des jeûnes : Je suis impliqué dans la pratique des jeûnes autant pour leurs aspects bénéfiques pour la santé que pour leur vecteur de découverte de soi. L'aspect qui me semble le plus important est d'aider le corps à aller chercher ses propres ressources, à "mobiliser les stocks". A titre d'exemple et afin de me positionner vis à vis de patients qui souhaiteraient des conseils, je pratique en semaine un unique repas pas jour et épisodiquement deux à trois jours de jeûne sec (sans aucun apport de nourriture ni d'eau).  Je vise en général un à deux longs jeûnes par an. Cela ne m'empêche aucunement de cuisiner avec plaisir (y compris durant la pratique des jeûnes), de manger de tout y compris viandes et charcuteries de terroir, sans aucune restriction hormis la fuite autant que possible toute forme d'alimentation industrielle et "ultra-transformée", autant pour des raisons éthiques que pour des raisons d'hygiène personnelle.

Jeûnes et plaisirs des sens et de la chère sont tout à fait compatible, pour moi seuls "les interdits sont toxiques".

Lors de mes expériences de jeûnes, j'ai appris et apprends toujours essentiellement la plus grande difficulté : la reprise alimentaire !


A titre personnel et afin de décrire plus précisément mon expérience dans le domaine des soins avec états de conscience modifiés, j'ai également travaillé huit années avec l'usage thérapeutique de l'Ayahuasca. 

Entre 2009 et 2017 j'ai dispensé trois jours par mois des soins ostéopathiques durant des sessions de travail avec l'Ayahuasca afin de potentialiser au mieux les bénéfices de cette boisson, dans un cadre traditionnel et légal (Hollande et Brésil), et de travailler à apporter une réponse innovante aux patients porteurs de douleurs chroniques qui ne parviennent pas à trouver de réponse satisfaisante avec les soins courants. Les perceptions du praticien sont augmentées avec l'Ayahuasca, ainsi que celles du patient qui perçoit mieux les influences sensorielles et motrices de son propre corps, en plus qu'il travaille directement sur sa relation intime et strictement personnelle avec la douleur et ses contextes de survenue.

J'ai également participé à une diète de trois semaines directement en Amazonie brésilienne auprès d'un responsable de peuple autochtone, afin de perfectionner ma connaissance du travail de thérapie manuelle avec l'Ayahuasca. 

J'ai également soutenu une présentation orale en congrès scientifique sur les résultats d'un questionnaire anonyme réalisé auprès de 800 personnes ayant consommé cette boisson en Europe.

Cette solide expérience m'a apporté une palette d'outils palpatoires et diagnostiques qui enrichissent ma pratique quotidienne.

En revanche, la situation légale en Suisse et en Europe ainsi que le contexte de dérives en tout genre lié à l'usage prosélyte et à mon sens inconsidéré de cette décoction de plantes m'ont amené à cesser mon travail dans ce domaine en Europe.

 

Bain dans une eau glacée (0,2°, lac de Joux), possible uniquement avec un travail sur la concentration, aidé par la maîtrise du souffle conscient (Pranayama), afin de diminuer les sensations parasites de peurs tout en gardant la plus grande lucidité (déc. 2018). Ce qui n'empêche pas de s'amuser !

 
 

De la chaleur humide de l'Amazonie brésilienne...
...au lacs gelés des hauteurs suisses !